On a tous déjà eu mal à la tête… mais la migraine, c’est autre chose. Trop souvent banalisée, elle touche pourtant des milliers de Québécois chaque jour. Qu’est-ce qui distingue une vraie migraine d’un simple mal de tête ? Comment la reconnaître, et surtout, comment mieux la vivre ? Voici ce qu’il faut savoir.

 



Migraine ou mal de tête : ce n’est pas la même chose

La migraine, c’est bien plus qu’un gros mal de tête. On parle ici d’une maladie neurologique qui peut vraiment chambouler la vie : douleur pulsatile, souvent d’un seul côté de la tête, qui s’installe pour plusieurs heures, parfois même jusqu’à trois jours. Contrairement à la céphalée de tension (la fameuse douleur « en casque » des journées stressantes), la migraine s’accompagne fréquemment de nausées, de vomissements, d’une intolérance à la lumière ou au bruit. Pour bien des gens, la moindre activité pendant une crise devient difficile, et il faut souvent s’isoler dans le noir.


Reconnaître les symptômes… et les signaux à surveiller 


Les signes classiques de la migraine : 

Douleur ayant au moins deux des caractéristiques suivantes :

  • Modérée à sévère
  • Pulsatile
  • Généralement d’un seul côté
  • Aggravée par l’exercice physique

Présence d’au moins une des deux caractéristiques suivantes :

  • Nausées, parfois vomissements
  • Hypersensibilité à la lumière (photophobie) ou au bruit (phonophobie)
  • Autres signes pouvant être présents:
  • Étourdissements
  • Sensibilité au toucher
  • Sensibilité aux odeurs
  • Picotements ou engourdissements aux extrémités ou au visage.
  • Difficulté à se concentrer, grande fatigue

Parfois, la migraine s’accompagne aussi d’une « aura » : des troubles visuels (taches lumineuses, zigzags), sensoriels ou langagiers qui précèdent la douleur.

Certaines personnes ressentent une phase de prodrome avant même que la douleur n’arrive. Cette phase « pré-migraine » peut durer quelques heures à quelques jours et inclut des symptômes comme : fatigue, raideur dans la nuque, irritabilité, fringales, troubles de la concentration ou bâillements fréquents. Pour certains, il s’agit d’un avertissement qu’une crise s’en vient.


Plusieurs types de migraines

Il existe différentes formes et types de migraine, ce qui peut rendre le diagnostic parfois complexe. Les deux plus fréquentes sont les migraines avec ou sans auras.  Voici quelques-uns des types les plus courants.

Migraine sans aura

  • C’est la forme la plus courante de migraine.
  • La douleur frappe souvent d’un seul côté de la tête et « bat » au rythme du cœur.
  • Elle peut durer de quelques heures à trois jours.
  • Bouger ou faire des efforts aggrave souvent la douleur.
  • On peut aussi avoir des nausées, une envie de vomir, être incommodé par la lumière ou les bruits.

Migraine avec aura

  • Une aura désigne un groupe de symptômes neurologiques réversibles qui précèdent ou accompagnent la crise.
  • L’aura peut être visuelle (scintillements, lignes en zigzag, points lumineux), sensorielle (fourmillements, engourdissements), langagière ou auditive.

Aura sans céphalée (migraine acéphalgique)

  • On retrouve ici les mêmes signes avant-coureurs qu’en migraine classique (troubles visuels, picotements, etc.), mais sans le mal de tête qui suit habituellement. C’est comme avoir l’avertissement… sans la douleur.

Migraine avec aura du tronc cérébral (anciennement « basilaire »)

Ce type rare de migraine peut provoquer, en plus du mal de tête, des symptômes plus spécifiques au tronc cérébral comme :

  • Étourdissements
  • Bourdonnements d’oreilles
  • Vision double
  • Difficultés à parler
  • Maladresse ou perte d’équilibre
  • Ces signes sont impressionnants mais restent temporaires.

Migraine hémiplégique

  • Ce type très rare de migraine peut donner, en plus des symptômes visuels ou de picotements, une faiblesse ou une perte de force d’un côté du corps (comme une sensation de bras ou de jambe « molle »).
  • Heureusement, cette faiblesse est temporaire et revient à la normale après la crise.

Migraine rétinienne

  • Dans ce type de migraine, on remarque des troubles de la vision qui touchent un seul œil :
  • Apparition de taches, de lignes ou de zones floues
  • Parfois, une partie de la vision disparaît temporairement dans un seul œil
  • Ces symptômes visuels ne durent habituellement que quelques minutes à une heure et reviennent à la normale ensuite.

Migraine chronique

Crises survenant au moins 15 jours par mois, et pouvant être aussi invalidantes qu’un trouble chronique comme le diabète ou l’épilepsie.

 

On peut aussi catégoriser les migraines basées selon leur fréquence :


Migraine épisodique

  • Moins de 8 crises par mois
  • Caractérisée par des épisodes isolés, gérés ponctuellement.

Migraine épisodique à haute fréquence

  • Entre 8 et 14 crises par mois
  • Plus invalidante qu’une migraine épisodique, souvent nécessitant un suivi accru.

Migraine chronique

  • 15 jours ou plus de maux de tête par mois
  • Comme décrit plus haut, ce terme se réfère autant à la fréquence qu’à l’impact sur la qualité de vie ; il ne s’agit pas d’une forme de migraine différente, mais d’une migraine devenue persistante.

 

Démolir les mythes : non, ce n’est pas juste dans la tête !


« C’est psychologique ! » → Faux

La migraine est un dérèglement du système nerveux central, pas un manque de volonté ou un problème psychologique.

« Les migraines, c’est juste pour les adultes » → Faux
Les enfants et les ados peuvent aussi en souffrir, parfois dès le primaire. De plus, la migraine touche 2 à 3 fois plus de femmes que d’hommes.

« Ça finit toujours par passer avec l’âge » → Faux
La fréquence des crises peut diminuer avec le temps, surtout après la ménopause chez certaines femmes, mais ce n’est pas garanti pour tout le monde.

« Les migraines sont causées uniquement par le stress » → Faux
Le stress peut être un déclencheur, mais la migraine peut avoir des causes biologiques, génétiques et neurologiques.

« On ne peut rien faire à part attendre que ça passe » → Faux
Il existe plusieurs types de traitements pour soulager ou prévenir les crises, ainsi que des changements de mode de vie qui peuvent aider.

« Les médicaments contre la migraine, c’est dangereux ou ça rend dépendant » → Faux
Quand ils sont bien utilisés, en suivant les recommandations de votre médecin et de votre pharmacien, ils sont généralement sûrs et ne créent pas de dépendance.

« La migraine, c’est toujours la même chose pour tout le monde » → Faux
Les symptômes, la fréquence, les déclencheurs et l’efficacité des traitements varient beaucoup d’une personne à l’autre.

 

Pourquoi le diagnostic compte ?

Un bon diagnostic, c’est la clé pour éviter les traitements inutiles ou inadaptés. Décrire vos symptômes à votre pharmacien ou médecin, c’est la première étape pour trouver le plan d’action qui vous convient.Si vos migraines changent soudainement (fièvre, raideur, troubles moteurs), il faut consulter sans tarder.

 

À retenir !

La migraine, c’est une maladie réelle, qui mérite toute notre attention. Ce n’est pas parce que ça ne se voit pas que ça ne compte pas ! N’hésitez pas à en parler à votre pharmacien ou à votre médecin : il existe des options pour retrouver un peu de contrôle sur votre quotidien.

 

Pour en savoir plus

Migraine Québec

Migraine Canada 

Auteur : Jean-Philippe Simon, pharmacien

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