Système immunitaire. Apprenez à discerner la vaccination de la désensibilisation !
Capsule audio « Pour ma Santé » :
Titre : Système immunitaire : Apprenez à discerner la vaccination de la désensibilisation.
Format : Mini livre audio
Durée : 00:14:00
Auteur : Julie Grenier, pharmacienne
Narration : Lau Pellerin
Pour mieux comprendre, prenons l’exemple de Benoit et de son fils Albert. Benoit est allergique au pollen de bouleau. Chaque printemps, la rhinite allergique revient, les yeux qui piquent, le larmoiement, le nez qui coule, etc. Il est aussi allergique aux graminées et à l’herbe à poux. Il reçoit d’ailleurs des injections désensibilisantes à cet effet. Il est le papa d’Albert âgé de juste 6 mois. Stéphanie, la conjointe de Benoit et la maman d’Albert, a pris rendez-vous chez le médecin pour les vaccins recommandés en fonction du calendrier de vaccination du Protocole d’immunisation du Québec (communément appelé le PIQ).
Le terme « vaccination » est utilisé dans le langage populaire autant pour des injections sous-cutanées de certains médicaments et de vaccins que pour des traitements de désensibilisation.
C’est un sujet qui divise!
- Tout d’abord, nous reviendrons sur quelques définitions pour nous permettre bien comprendre ce qui distingue la vaccination de la désensibilisation.
- Ensuite, nous ferons un survol de la vaccination de la petite enfance, celle qui peut prévenir et qui a déjà permis d’éradiquer des maladies, et du Protocole d’Immunisation du Québec (PIQ).
- Enfin, nous ferons une petite parenthèse sur la vaccination voyage et la vaccination annuelle.
- Pour finir, nous verrons ce qu’est la désensibilisation aux allergènes. Le Consensus québécois en allergie a pour objectif de traiter l’asthme et la rhinite allergique. Le mécanisme d’action sous-jacent est complètement différent de la vaccination contre le tétanos et autres pathogènes de l’environnement.
Alors c’est parti, accompagnons Benoit et Albert chez le médecin.
Comme promis, commençons par quelques définitions!
Qu’est-ce qu’un vaccin? C’est une préparation antigénique qui, introduite dans un organisme, provoque une réponse du système immunitaire sans pour autant donner la maladie.
Et la vaccination, c’est quoi au juste? C’est tout simplement une méthode de prévention qui consiste à introduire dans l’organisme des préparations antigéniques (les vaccins) dans le but d’entraîner une immunité.
Vous avez entendu parler d’antigène, et vous demandez qu’est-ce que c’est?Il s’agit d’une substance étrangère au système immunitaire capable, lorsqu’elle est introduite dans un organisme, de provoquer une réponse du système immunitaire. Par exemple, les virus, les bactéries et tout autre agent infectieux ont à leur surface ou sécrètent des molécules considérées comme étrangères que l’on appelle antigènes.
Et les allergènes?Il est possible d’avoir un antigène non dangereux, mais pour lequel le système réagit de façon anormale et inappropriée. C’est ce que l’on appelle une réaction d’hypersensibilité.Par exemple, les pollens, les animaux, les acariens (la poussière), les coquerelles et certaines moisissures et les venins d’hyménoptères sont des allergènes.
Désensibilisation (aussi appelée immunothérapie), qu’est-ce que c’est? Il s’agit d’une option thérapeutique importante dans le traitement des allergies respiratoires comme la rhinite allergique, avec ou sans asthme, causée par les allergènes.
Voilà qui fait le tour des définitions essentielles pour mieux comprendre la suite de cet article.
La vaccination de la petite enfance
De toutes les interventions de santé, la vaccination est l’une des plus efficaces. Elle a permis d’éradiquer la variole, et presque la poliomyélite. Au niveau mondial, la vaccination a permis de baisser de façon spectaculaire la morbidité et la mortalité dues entre autres, à la diphtérie, au tétanos, à la coqueluche, à la rougeole, et à certaines infections invasives.
Au Québec, le Protocole d’Immunisation du Québec (PIQ) permet de connaître tous les vaccins recommandés pour la vaccination de base pour l’ensemble des personnes vivant au Québec selon un calendrier régulier de vaccination. Ce calendrier régulier est celui qui amène le petit Albert à sa visite médicale aujourd’hui. Le calendrier est divisé en quatre sections en fonction de l’âge.La première est celle pour les enfants âgés de 3 mois à moins d’1 an,la deuxième pour les enfants entre 1 et 3 ans, la troisième pour ceux âgés entre 4 et 17 ans et finalement celle des adultes de 18 ans et plus. Le calendrier liste également les vaccins pour les personnes qui présentent des conditions médicales particulières comme l’immunosuppression, le VIH et certaines maladies pulmonaires. Finalement, le PIQ cible aussi des vaccins pour les personnes ayant des habitudes de vie particulières ou des milieux de vie bien spécifiques.
Reprenons l’exemple de Benoît et Albert! Bébé Albert a reçu ses premiers anticorps de sa maman via le colostrum. Le colostrum est la substance produite par la mère dès la naissance, précédent de 2 à 5 jours la production du lait. Il contient d’importants facteurs immunitaires et anticorps qui contribuent au développement du système immunitaire du bébé. Le colostrum et l’allaitement font office de méthode naturelle de protection, en transmettant des anticorps qui réduisent les risques de contracter des infections et des maladies. Le mois dernier Albert a eu ses premiers vaccins, et aujourd’hui,ce sont ses doses de rappel pour la diphtérie, la coqueluche et le tétanos, l’Haemophilus influenzae de type b, l’hépatite B, le pneumocoque et le rotavirus. L’utilisation de vaccins combinés chez les enfants peut entraîner l’administration de doses contre Hæmophilusinfluenzæ de type b ou la poliomyélite non requise pour la protection, mais cela permet de simplifier le calendrier tout en étant sécuritaire.
Une parenthèse sur la vaccination antigrippale et contre le pneumocoque. La Santé Publique du Québec a modifié les critères d’éligibilité à la vaccination annuelle contre la grippe saisonnière en 2019. La vaccination est indiquée chez les personnes le plus à risque de souffrir des conséquences d’une grippe ou d’une pneumonie.
Prenons maintenant l’exemple de Marie, la grand-maman d’Albert. Elle a reçu de la chimiothérapie, et donc était immunosupprimée (terme utilisé pour toute personne qui présente une immunodéficience primaire essentiellement de l’immunité cellulaire). Elle a bénéficié de la vaccination antigrippale. Ce vaccin, à la différence des vaccins du calendrier régulier, doit être répété chaque année car sa composition est différente à chaque année. En effet, le vaccin antigrippal est développé en fonction de souches attendues de virus et comme ceux-ci varient chaque année, la démarche vaccinale est refaite chaque année. Certains chercheurs travaillent depuis quelques années à l’élaboration d’un vaccin qui pourrait être reçu une seule fois et pourrait offrir une immunité contre les souches virales de l’influenza une fois pour toute. Ces chercheurs tentent d’inclure les souches qui ont touchées la population depuis les 100 dernières années.
Parenthèse sur la vaccination voyage et la vaccination annuelle
La majorité des problèmes de santé reliés aux voyages faits à l’étranger sont évitables par le recours de mesures préventives comme l’adoption de comportements sécuritaires, l’immunisation et certains médicaments prophylactiques. Au Québec, des services préventifs s’adressant expressément aux voyageurs sont offerts dans les cliniques santé-voyage (cliniques des voyageurs) et aussi accessibles dans les pharmacies depuis l’instauration de la Loi41. La prévention ainsi que les vaccins voyages seront appropriés au type de voyage et à la destination du voyageur pour éviter les maladies comme le choléra, les encéphalites, la fièvre jaune, les hépatites, l’influenza, ou la typhoïde par exemple.
Le contexte actuel de la pandémie fait que plusieurs voyages sont annulés ou reportés. Prenons cependant l’exemple de Benoit et Stéphanie qui ont fait un voyage d’un mois dans les Balkans, juste avant la grossesse de Stéphanie. La pharmacie s’est assurée que la vaccination de base de nos deux comparses était à jour puis a évalué quels étaient les autres besoins en fonction du type de voyage et de la destination. La vaccination finalement recommandée pour leur destination était celle contre l’hépatite A.
La désensibilisation aux allergènes ou l’immunothérapie
L’immunothérapie est disponible par voie sous-cutanée ou sublinguale (c’est-à-dire sous la langue). La désensibilisation, en contexte de rhinite allergique, peut parfois diminuer le risque d’une évolution vers l’asthme (la rhinite allergique étant un facteur de risque susceptible de développer de l’asthme). Les injections d’allergènes sous la peau sont souvent confondues avec la vaccination, mais c’est un concept différent et implique une branche différente du système immunitaire de l’organisme.
Il existe deux types de désensibilisation : annuelle ou pré-saisonnière. La désensibilisation a un effet bénéfique pour maîtriser la rhinite allergique et les symptômes oculaires compris, et ce, chez les adultes comme chez les enfants. Les allergènes alors utilisés, aqueux ou modifiés, sont les pollens, les animaux, les acariens de la poussière, les coquerelles et certaines moisissures, et les venins d’hyménoptères.
Les avantages, c’est-à-dire la diminution voire l’absence de symptômes de rhinite allergique, persistent même après que l’immunothérapie soit discontinuée et pourrait réduire le risque pour le futur développement de l’asthme. L’immunothérapie pourrait aussi prévenir le développement de nouvelles allergies. Pour ce qui est de l’asthme allergique, l’immunothérapie chez une personne qui a aussi de la rhinite allergique permet un certain bénéfice quant aux symptômes d’asthme (par exemple des essoufflements dû à l’effort ou encore des difficultés respiratoires la nuit qui peuvent entraîner des journées de travail ou d’école manquées) et du besoin de médicament d’urgence comme les bronchodilatateurs.
Il existe deux types d’immunothérapie. L’immunothérapie pré-saisonnière et l’immunothérapie annuelle. Dans le cas de l’immunothérapie pré-saisonnière, elle est sous forme de comprimés sublinguaux ou d’injections, et contient en général un allergène unique. Par exemple, l’herbe à poux. Dans le cas de l’immunothérapie annuelle, elle sera sous-cutanée et peut combiner plusieurs allergènes ou sublinguales sur une base quotidienne pour les acariens par exemple. Dans les deux cas, le principe d’immunothérapie est inspiré de celui de la vaccination. L’immunothérapie génère plutôt une déviation de la réponse immunitaire. En effet, le corps se mettra à produire moins d’IgE spécifique (c’est-à-dire moins l’immunoglobuline E spécifique) à un allergène mais produira des anticorps de type IgG4 par rapport à cet allergène, ce qui est sans conséquence clinique. Dans des contextes expérimentaux, le dosage des IgG4 par rapport à un allergène donné, pour lequel on désensibilise un patient, corrèle avec l’amélioration clinique. C’est donc la réussite du vaccin.
L’immunothérapie ne génère pas de réponse immunitaire ou la production d’anticorps. Il s’agit plutôt d’exposer l’organisme à des doses croissantes d’allergènes jusqu’à ce que le corps soit désensibilisé. Pour Benoit, qui souffre d’allergies multiples (bouleau, graminée, herbe à poux), c’est l’immunothérapie annuelle sous-cutanée qui a été prescrite en fonction des résultats de tests d’allergie. Son traitement de désensibilisation n’est pas un vaccin, mais un mélange d’allergènes auxquelles il a réagi lors de ses tests d’allergies et qui entraînent des symptômes d’allergies lorsqu’il est en contact avec ses mêmes allergènes dans son environnement.
En somme, la vaccination et la désensibilisation ou immunothérapie s’administrent par voie orale ou le plus souvent par la voie sous-cutanée ou intramusculaire. Dans la situation présentée précédemment, Benoit va poursuivre sa désensibilisation alors qu’Albert va recevoir sa vaccination, en fonction du Protocole d’immunisation du Québec.
Lors de la prochaine capsule nous allons poursuivre l’exploration du système immunitaire et découvrir une nouvelle classe de traitements : les anticorps monoclonaux. Au final, il s’agit de faire la différence entre les vaccins d’allergie (immunothérapie ou désensibilisation) et la vaccination (ou immunisation contre les pathogènes). La confusion vient du fait que l’on parle des vaccins d’allergie alors que l’on devrait parler de désensibilisation (ou immunothérapie). La désensibilisation est différente de la vaccination qui elle est destinée à se protéger contre les pathogènes.
Les informations contenues dans cette capsule ont été révisées par le Dr Jean-Nicolas Boursiquot, MD MSc FRCPC,Allergologue-Immunologue, CHU de Québec.
Autres références consultées en juillet 2020 :
- Site du Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec. Page sur Protocole d’immunisation du Québec (PIQ).
- Site de l’Association des allergologues et immunologues du Québec. Page sur l’Immunothérapie par voie sous-cutanée pour le traitement des allergies.
- Site de l’Institut national de santé publique du Québec. Page sur la Santé de voyageurs.
- Site d’Enfamil. Page sur Les bienfaits du colostrum.
- Site de DistributedBIO. Page sur les vaccins universels.
Les renseignements contenus dans cet article sont présentés strictement à titre informatif et ne visent pas à fournir des renseignements complets sur les sujets traités ni à remplacer les conseils d’un professionnel de la santé. Ces renseignements ne constituent pas des consultations, diagnostics ou opinions médicales, et par conséquent, ne doivent pas être interprétés comme tels. Veuillez consulter votre professionnel de la santé si vous avez des questions au sujet de votre état de santé, de vos médicaments ou de votre traitement.